Description du produit

Présentation de l'éditeur

Une société où l'aspiration à améliorer, maximiser, rehausser, augmenter, perfectionner l'être humain et ses performances par le biais des avancées technoscientifiques et biomédicales devient omniprésente et concrète. Régulièrement secoué par les affaires de dopage, le domaine du sport, à l'image de Lance Armstrong ou Oscar Pistorius, illustre mieux que tout autre cette aspiration à un humain amélioré. Ce phénomène touche en réalité toutes les composantes de notre société : usage de psychotropes pour accroître les capacités intellectuelles, sexuelles, ou mieux contrôler les émotions ; nouvelles technologies reproductives qui nourrissent de nouvelles formes d'eugénisme ; développement d'une médecine anti-âge qui uvre à l'effacement de toute trace du vieillissement ; projet de super soldat, etc. La quête biotechnologique de la perfection, portée sur son versant extrême par le transhumanisme et financée par des géants du Web tel que Google, nourrit même le fantasme, largement exploité par le cinéma et la littérature, de donner naissance à un être plus qu'humain, posthumain. L'ouvrage de Nicolas Le Dévédec montre que cette aspiration contemporaine à un humain amélioré marque le renversement complet de l'idéal humaniste et politique de la perfectibilité humaine formulé au siècle des Lumières. Il ne s'agit en effet désormais plus tant d'améliorer l'être humain dans et par la société que de l'adapter en le modifiant techniquement, avec tout ce que cela implique de désinvestissement politique. Comment un tel renversement et une telle dépolitisation de la perfectibilité ont pu avoir lieu ? C'est ce que cette étude permet de mieux comprendre à travers un vaste parcours socio-historique.

Biographie de l'auteur

Nicolas Le Dévédec est docteur en sociologie et science politique et enseigne au département de sociologie de l'Université de Montréal.
Résumé(s)
Du dopage sportif à l’usage de psychotropes pour accroître les capacités intellectuelles ou mieux contrôler les émotions, du recours aux nouvelles technologies reproductives permettant une maîtrise croissante des naissances, au développement d’une médecine anti-âge qui œuvre à l’effacement de toute trace du vieillissement, jamais il n’a été autant question d’améliorer l’être humain et ses performances par le biais des avancées technoscientifiques et biomédicales contemporaines. Cette étude interroge cette aspiration à un humain augmenté à la lumière de l’idéal humaniste et politique de la perfectibilité humaine systématisé par les philosophes des Lumières au 18ème siècle, en particulier dans l’œuvre et la pensée de Jean-Jacques Rousseau. À la différence du modèle politique et humaniste de la perfectibilité, qui valorise l’amélioration de la condition humaine dans et par la société, au cœur de l’imaginaire démocratique moderne, la société de l’amélioration contemporaine paraît, elle, promouvoir un modèle de perfectibilité dépolitisé, axé sur l’adaptabilité technoscientifique de l’être humain et la transformation de la vie en elle-même. À travers une excursion au sein l’histoire de la pensée sociale, l’objectif de cette étude est de comprendre comment un tel renversement et une telle dépolitisation de la perfectibilité ont pu avoir lieu. De Jean-Jacques Rousseau à Karl Marx, de Auguste Comte à Francis Galton, des penseurs postmodernes au mouvement transhumaniste, cette thèse offre une généalogie synthétique de la société de l’amélioration dans laquelle nous entrons, seule à même d’éclairer de manière critique des transformations sociales et technoscientifiques trop souvent présentées sous le masque de l’inéluctabilité.

 

Whether we speak of doping in sport, the use of psychoactive drugs to improve man’s intellectual performance or better check his emotions, new reproductive technologies allowing more efficient birth control, or anti-aging medicine to erase the effects of time, there is no denying that enhancing humans through the use of technoscientific and biomedical means has grown more pervasive in our contemporary societies. This study questions today’s quest for human enhancement under the light of the humanist and political ideal of perfectibility defined by 18th century Enlightenment philosophers, particularly in the work and thought of Jean-Jacques Rousseau. In contrast to the humanist and political model of perfectibility, which promotes the improvement of the human condition by and through society, at the core of the democratic ideal, today’s enhancement society seems to champion a depoliticized model of perfectibility focused on human technoscientific adaptability and the transformation of life itself. Offering a journey through the history of social thought, the objective of this study is to understand how such a reversal and depoliticization of the concept of perfectibility may have been possible. From Jean-Jacques Rousseau to Karl Marx, Auguste Comte and Francis Galton, from postmodern thinkers to the transhumanist movement, this thesis presents a synthetic genealogy of the enhancement society we are entering, which allows for a critical analysis of social and technoscientific transformations that have too often been presented behind the mask of ineluctability.